MARKIEWICZ Filip  

SACRIFICE BANK

June 8th - July 31, 2011

Vue 1

Vue 2

Vue 3

Vue 4

Le sociologue allemand du 19e siècle Max Weber, pose un questionnement sur l’origine de l’éthique du travail et du capitalisme en démontrant que l’ « esprit du capitalisme est issu de motifs religieux ». De nos jours, nous pourrions nous poser la question si le capitalisme n’est pas devenu plus qu’un système économique ? Est-ce qu’à côté des différentes croyances divines, le capitalisme ne serait-il pas devenu une religion ? Les musées ont remplacés les cathédrales, cela-dit pourquoi l’art est-il aussi exposé dans les banques ?

Les dessins présentés à la galerie beaumontpublic se questionnent sur ce sujet (Sacrifice Bank 2011, Economie de la Faim, 2011) en prenant la forme de billets de banque utopiques qui auraient été conceptualisés dans un inconscient collectif universel. Cela-dit l’esthétique folklorique de l’argent imprimé (ici réalisé et travaillé à la main à l’aide du crayon) s’engage vers des interrogations existentielles qui se rapprochent des dogmes religieux (In God we trusted 2011, Hope Fear Hope, 2011).

En filigrane de ces représentations picturales il y a également un appel fait à l’histoire. « Qu’est-ce que l’Histoire? Un écho du passé dans l’avenir, un reflet de l’avenir sur le passé » écrivit Victor Hugo. Ainsi des ponts anachroniques se matérialisent dans certains dessins : dans Alex & Alex Srebrenica, 2011 le personnage Alex Delarge (du film Orange Mécanique) est représenté clôné en tenue « french can can » entourant une femme qui pleure, symbolisant le massacre de Srebrenica, le tout accentué par une pensée baudelairienne.
Dans la série de dessins de clônes, la thèse de Walter Benjamin sur l’aura et la reproduction de l’image est posée de manière métaphorique opposée dans un certain sens aux théories freudiennes (Mrs. And Mr. Hitler (Freud), 2011). Le clônage dans ces représentations fait référence à la multiplication de notre « Je » dans la société actuelle mondialisée.

Globalement, ce qui semble ressortir de cette mondialisation digitalisée, est que nous sommes tombés dans une sorte de spirale sans issue. L’image se reproduit à l’infini et le pouvoir de l’information médiatique devient une vérité (même basé sur le mensonge). Ainsi par contraste formel, la précarité du dessin sur papier semble être la forme la plus adéquate afin de questionner la thématique du flux d’images photographiques digitalisées, la forme neutre du dessin se situant à l’extérieur du maelström médiatique. Au-delà de la connotation financière le titre « Sacrifice Bank » peut aussi faire référence au thème de l’archive, en se posant la question si le sacrifice ne serait pas ici celui d’une banque d’images universelles destinées à une capitalisation de l’âme ?

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Filip Markiewicz